Au petit matin dans la brume en bivouac, il y a toujours cette explosion de senteurs humides qui éveille l’odorat bien avant le reste. Les doigts glissent sur la toile de la tente, on confirme, c’est embrumé. Il y a ce silence un peu plus lourd que d’habitude, c’est que ça peut peser un peu, toute cette eau contenue dans l’air. Les choses avancent très lentement, je ne sais pas d’ailleurs si c’est parce qu’on est encore à moitié endormis et qu’on ne sait pas faire autrement que de voir les choses presque mollement, que rien ne presse rien n’est grave que les choses importantes arriveront bien assez tôt ; ou si c’est bien l’ordre des choses, d’être comme ça sans aucune brusquerie, de s’étirer presque voluptueusement le matin.
Quelque chose de pas très bien défini m’a attirée dans les longues lampées de ce veau venu boire à la source juste derrière ma tente. Un souffle long à peine audible parmi le ruissellement imperturbable de l’eau qui sait qu’elle doit couler. Il m’a longuement regardée, c’était comme une apparition posée là, je n’ai rien dit, j’ai à peine respiré, j’ai souri, il y avait quelque chose des moments éternels dans ce long échange muet – je l’ai photographié.
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