À part ce nom, Mer de Nuages – très poétique au demeurant – parfois les choses ne sont pas évidentes à relier entre elles au premier coup d’œil – le va-et-vient des vagues salées de l’océan quand on le regarde pendant des heures ; les pointes comme des braises acérées des sommets en été. On cherche la mer au pied des montagnes et les nuages un peu plus près du ciel.
Et pourtant les mers étaient sur les sommets, les montagnes sont sous la mer, y’avait-il d’autres sommets, plus hauts encore, plus acérés encore à cet instant de temps où les choses ne sont plus évidentes ?
La montagne est un voyage en mer, la mer est dans le ciel et les sommets sont dans la mer. J’ai l’impression que quand les nuages lèchent les versants, nous avons une infime chance d’entr’apercevoir ces choses que nous analysons encore et encore mais que ne pouvons pas tout à fait comprendre, qui vivent et meurent à leur échelle de temps, si grande, si petite et qui dans le fond n’existe pas vraiment, et qui ne font qu’être une lueur, à peine un éclat dans notre temporalité, si réduite.
Avant de ne pas réussir à dormir pour contempler les étoiles, je lisais presque en même temps Les Combarelles (de Michel Jullien, un chef d’œuvre sur l’art pariétal) et Des nuages plein la tête (de Brice Dessouiller le vacher qui galope), mes cartes IGN et cette chouette application qui me dit le nom des étoiles au-dessus de ma tête, c’est un cocktail délicieux pour les rêves.
S’il existe une vérité, ne serait-elle pas dans le vagabondage de l’âme, dans la liberté infinie de vouloir voir au-delà de nos yeux, dans la contemplation de l’art le plus abstrait, des traits sur des toiles immenses à ciel ouvert, des formes saisissantes de sens enfouies pour toujours sous terre ? Serait-ce ce moment où nous serions enfin capables de nous délester de ce que nous sommes certains de savoir ?