L’Homme naît, l’Homme meurt, l’Homme traverse les époques, troublées ou non. L’Homme prend de la place, l’Homme s’installe, l’Homme taille, l’Homme coupe, l’Homme sème, l’Homme disparaît, un nouvel Homme prend sa place ou l’Homme ne laisse derrière lui que ses traces.
Parfois j’ai l’impression que l’Homme veut dominer domestiquer diriger ce qui l’entoure. Parfois il ne voit même pas ce qui l’entoure. Parfois j’ai l’impression que l’Homme veut marquer laisser des traces s’imposer être immortel. Parce que l’Homme, au cours de sa vie a des impératifs, il faut, on doit, c’est mieux si, on dit que.
Et puis il y a tous ces endroits qui nous rappellent que nous ne sommes que des petites choses, balancées de destin en destin, que nous ne survivrons pas à tout. Et puis, humble, paisible, déterminée, la nature nous pardonne encore et encore, d’avoir cru que nous étions les Uniques.
Elle couvre nos traces, elle reprend la place qu’on lui emprunte.
Discrètement, l’Homme est poussière et ses indébilités* s’évaporent.
Ces lieux abandonnés que je photographie me fascinent et m’attristent. C’est parfois ce qu’il reste de vies entières de dur labeur, de contes, de paroles. J’aime chercher les traces de vies. En même temps, j’éprouve un certain plaisir à observer la revanche de la nature, et à entendre les leçons qu’elle nous donne.
*Indébilités : indélébile + débilités : la liberté est partout.