La photo de la semaine : Absurdités
Rendez-vous n°8 | Les Landes
Cette semaine, j’hésite entre colère ou tristesse. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, il y avait déjà eu une nouvelle comme ça il y a quelques temps sur le Mont Everest et son spot wifi (j’avais cru à un poisson d’avril, mais non). Il y a quelques jours, en grande fanfare, Orange (pour ne pas les citer) démontrait que ça y est, il y a la 4G sur les plages d’Hossegor. Et dire qu’il y en a qui trouvent ça génial. Je pourrais juste m’en foutre, mais non.
Du coup, je ne sais finalement pas si je suis davantage écœurée par le tourisme de masse et l’impact sur tout un ensemble de décisions prises, ou le non-respect de la nature, ou si l’absurdité du monde finit par me lasser au point de trouver ça juste désolant.
Ne nous leurrons pas, j’aime l’océan, j’aime profiter de la plage, j’aime me baigner dans les vagues l’été. J’aime regarder l’horizon, coucher de soleil ou non, m’asseoir et écouter le bruit des vagues. J’aime le sable fin des plages landaises, même dans les chaussettes. J’aime me sentir petite devant les éléments. C’est d’ailleurs pour ça que j’aime l’océan : ça apaise.
Je ne vois pas en quoi on aurait besoin d’un réseau 4G sur la plage ! Ou en montagne, ou dans n’importe quel endroit qui jusqu’à présent, était comme un refuge, ou un lieu de choix pour se couper un peu du monde, prendre le temps de laisser le temps au temps. Certes on ne vient pas à l’océan ou à la montagne pour les mêmes raisons, et tant mieux d’une certaine manière. Mais on en est là ? À ne plus savoir juste apprécier les choses sans être pendus à nos objets connectés ?! Est-ce qu’on trouvera l’océan aussi beau dans quelques années, s’il n’y a plus que le virtuel pour nous ravir les yeux ? Et jusqu’où faudra-t-il aller, pour ne pas trouver de réseau quelque part, vu qu’il y en a même à l’Everest ?
Bref.
J’ai choisi cette photo, que j’ai prise lors de la Semana Santa en avril dernier. C’est finalement une sorte d’allégorie de l’invasion, car oui je trouve l’Homme invasif, et c’est très loin d’être une qualité à mes yeux.
Je sais qu’on devrait dire intrusif, invasif c’est « se dit d’une tumeur qui s’étend et envahit les tissus voisins ». Mais intrusif c’était pas assez, alors je maintiens.
Pour contextualiser, il y a énormément de monde (principalement des Espagnols) qui viennent passer leur Semana Santa (fériée en Espagne) sur la côte basco-landaise. Ne parlons pas des records de fréquentation quand il y a un combo semaine fériée – braderie des marques – foire au jambon… c’est de la folie. Et encore, ce n’est qu’un aperçu de la saison…
C’est une photo que j’ai faite directement en noir et blanc. J’en parlais avec mon oncle, qui me demandait si j’avais déjà essayé, et ce que j’en pensais. J’en pense que c’est difficile – en tout cas, je le vois comme un challenge, quand on est habitué à chercher des tons de couleur. On ne voit pas la même chose, en couleurs ou en nuances de gris. Les contrastes sortent différemment. J’ai essayé ce jour-là parce qu’avec la lumière du midi, les tonalités ressortaient différemment.
Si je devais photographier en noir et blanc, je crois que je travaillerais les lignes et les textures. Peut-être un défi pour plus tard… En attendant, pour une première fois, je suis assez contente de la série que j’ai faite ce jour-là.
⊕ infos : Sony A7s + FE 24-240mm, 58mm, ƒ/11, ISO 125, 1/250, 0.3 ev