La photo de la semaine : Le bœuf qui danse
Rendez-vous n°6 | La grâce des bœufs
06 h sonnantes au réveil il est l’heure de se lever, la journée sera remplie. La liste des choses à faire dans la journée est claire : se lever déjeuner charger les boeufs rouler une bonne paire d’heures décharger l’un surveiller l’autre et roule. Une bonne demi-journée pour chaque animal, et le soir, marche inverse, une fois les boeufs chargés, une paire d’heure de route et puis décharger soigner nourrir faire boire et enfin vaquer aux occupations humaines puis dormir.
Dans l’atelier, le travail trône au milieu de la pièce. À son odeur, on devine aisément que ce n’est pas encore une pièce de musée, ou une décoration comme on voit parfois dans les villages. C’est impressionnant comme cette structure en bois est robuste : les animaux qu’elle supporte doivent bien peser dans les 700 kg au bas mot… Lorsque le bœuf entre dans le travail, il y a bien quelques craquements, mais les gestes assurés du Maréchal inspirent la confiance.
J’écris Maréchal avec un grand M, parce que Jean Ousset n’est pas vraiment un maréchal comme les autres. Il est d’une grande douceur, le rire facile, très pédagogue, et ravi que son auditoire (principalement féminin) se régale d’observer son travail. Ferrer les bœufs, c’est sûr que c’est quelque chose en soi, et aujourd’hui encore plus. Mon amie Tifenn avait écrit un très bel article à ce sujet.
On attelle la bête, on passe les sangles sous son ventre, et on la soulève.
Il faut imaginer la scène : l’animal s’élève, juste de quelques centimètres, et est comme suspendu dans l’air.
Au bout d’un moment, le bœuf se relâche et la posture me fait penser à celle d’un danseur classique. Les bruits du marteau sur l’enclume sont les mesures et le tout fait une sorte de ballet immobile. La lumière est posée là, négligemment, en attendant de trouver sa place à côté du maréchal. C’est magnifique. Pauline, qui nous accompagne, trouve un semblant de confort pour une micro-sieste, appuyée sur le travail.
Je trouve les bœufs d’une grâce infinie. Les longues lampées quand ils boivent, le rythme mesuré de leurs pas quand ils travaillent, la puissance tranquille qui s’en dégage. Cette façon de tourner la tête pour te regarder et t’étudier. Leur manière lente de faire les choses – sauf bien évidemment quand il s’agit d’une bêtise – m’apaise et contrebalance le rythme fou et absurde de la vie en-dehors.
⊕ infos : FUJIFILM FinePix S2950, 7.6mm, ƒ/3.6, ISO 200, 1/80