Cette semaine : les arbres à histoires
Les arbres m’ont toujours plu, de manière globale.
Je me suis toujours demandé s’ils contemplaient le monde, de là où leurs racines sont. Comment nous trouvent-ils, de générations en générations?
J’aime beaucoup faire des portraits d’arbres. Comme des humains, essayer de trouver les caractéristiques que chaque individu met en valeur, de par son essence, de par là où il est.
Certains sont majestueux, plantés solitaires dans des champs, avec l’horizon comme seule limite.
On ne voit qu’au-dessus des arbres, mais de savoir qu’en-dessous, il y a les mêmes lianes qui s’entortillent, croissent, avides de minéraux, ça m’impressionne tout autant que la partie visible.
Parfois, c’est juste l’écorce qui me parle. Parfois c’est la silhouette.
J’aime les ambiances de forêt, mais seulement de feuillus. On respire, et puis les tapis de feuilles rousses qui craquent en hiver, c’est chouette. Les sapins collés les uns aux autres me fichent la frousse, avec leur odeur âcre et leurs aiguilles sombres. Les jours de vent, certains arbres morts grincent lugubrement, la lumière passe à peine entre les feuillages, on dirait qu’ils reviennent d’entre les morts – oui j’ai de l’imagination, mais franchement, seule spectatrice, j’ai la désagréable impression d’être plongée dans un film qui fait peur. Logique implacable, j’ai peur des films qui font peur.
Cet arbre est différent. Il garde l’entrée d’une église perchée au-dessus des vignes, planté juste derrière une porte, surplombant un champ de vieux oliviers – j’aime beaucoup les oliviers, pour leur symbolique, et aussi parce que leur troncs vieillis sont comme les mains des vieux. On devine les années, on rêvasse.
La journée a été lourde, pas un poil de vent, le ciel oscille entre gris et blanc laiteux depuis quelques jours, le marin fait comme un cocon un peu étouffant. C’est la fin de journée. L’arbre est immense, on le voit de loin. J’ai tourné autour pendant un petit moment, essayant de trouver comment faire son portrait. J’ai pensé qu’on n’était que de petites choses, comme des fourmis, j’ai pensé à tous ceux qui comme moi ont voulu faire une photo, oui qui sont juste passés en se disant qu’il est haut. L’écorce avait ce petit twist, je voulais aussi le mettre dans le portrait. De manière globale, je ne suis pas hypra fan des plans plongés et contre-plongés, j’aime regarder les choses de face à la hauteur que je choisis, et j’oublie souvent de lever la tête. Je me suis donc assise, j’ai levé la tête, ça ne fera qu’une pose acrobatique de plus! J’ai augmenté un peu la luminosité, pour que le blanc soit blanc et que les couleurs rendent comme en vrai, et la photo est faite, je vous la présente brute de capteur.
⊕ infos : Sony A7ii + FE 24-240mm, 24mm, ƒ/4, ISO 200, +0,3 ev, 1/60