Les ânes -et les mules- ont cette délicatesse infinie lorsqu’ils cueillent les chardons pour les manger. L’air gourmand, cette façon abrupte de stopper toute activité pour se planter devant le bouquet convoité, l’enchaînement de petits mouvements de lèvres délicats et la manière dont ils les retroussent doucement autour de la fleur pendant un moment avant de la croquer du bout des dents la fait passer d’une banale tache violette piquante au milieu d’un pré à quelque chose d’infiniment précieux ; je trouve cette lente métamorphose magnifique à regarder.