Je reprends les haïkus.
Après de très longs mois à ne plus oser prendre l’appareil, à ne plus trouver aucun plaisir à le faire, à ne plus aimer ce que je fais, à me demander pourquoi j’ai autant perdu le goût, comment j’en suis arrivée là en somme, j’ai trouvé ma réponse.
Je n’avais plus la joie. Et la confiance, il a fallu la mettre ailleurs, finir ce travail de thèse, puiser tellement loin dans mes ressources, qu’après, il n’y a plus de ressources, il n’y a plus de confiance.
Mes copains m’ont confié des missions photo, pendant ces quelques années. Ça m’a aidée, d’avoir un but. Léa m’a même offert un sticker Je voulais le mettre sur ma fenêtre, elle me dit, Mais en fait, C’est toi ! Alors je te l’offre. Je ne l’ai pas encore collé, je voulais le mettre sur mon van.
Petit à petit, comme le printemps revient, et que la météo est très capricieuse, je me suis quand même surprise à me dire, Ah purée là il y a une photo. Je suis trempée je suis frustrée j’ai froid mais qu’est-ce que c’est beau. L’émerveillement, c’est comme une fougère qui déplie délicatement la dentelle de ses feuilles. C’est une boule sans allure qui éclot petit à petit.
Alors ça revient. J’ai envie. Envie de passer du temps à regarder le temps passer et le soleil jouer avec la nuit, les nuages se moquer de camoufler le bleu du ciel. Reprendre le boîtier en main, me dire, c’est vrai qu’il me va vraiment bien ce boîtier. Oser se balader traverser le village et le dire à nouveau, Je suis photographe.
Je reprends le goût des photos de rien, des photos de balade, il y a a nouveau quelque chose d’apaisant. J’arrête de surveiller les chiens, j’arrête de surveiller s’il peut se passer quelque chose, j’arrête tout et je photographie ces nuages certes beaux mais qui m’empêchent de voler, qui me font renoncer à faire du vélo (pourtant j’aime tellement ça).
Je respire.
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J’ai lancé une campagne de financement participatif pour m’aider à financer les tirages de mon exposition ethnophotographique de vulgarisation de thèse, ça s’appelle L’Ours et le Taureau, mirages du sauvage. Participez et partagez autour de vous (je suis une ourse des réseaux…), mille mercis !