Depuis longtemps les montagnes n’avaient pas été aussi bleues.
« La vie est belle, n’en doute pas ; peu importe comment elle se joue de nous »
Certains naissent avec des talents rares, et nous autres, parfois, nous avons la chance de les croiser quelque part, aux confins du monde réel. Il y a des gens qui nous marquent, comme si les sensibilités et les écorchures de la vie résonnaient et formaient une sorte d’harmonie. Drôle de musique entre êtres inconnus.
Il y a ceux qui ont cette noblesse, cette manière de s’exprimer qui dénotent une immense culture, une immense soif d’apprendre encore, de vivre goulûment les choses. Et il y a ceux qui savent transmettre, qui savent nous faire voir dans leurs yeux. Et il y a ceux qui ont les deux.
Leur histoire était si belle. Leurs contes magnifiques.
***
Les montagnes n’avaient pas été aussi bleues et aussi belles depuis quelque temps déjà. Ce moment suspendu, je le garde quelque part dans mon coeur. Le silence, la lumière, et nous.
***
Au début, j’étais vraiment heureuse : enfin un petit quelque chose, enfin un signe de vie ! J’ai pensé à l’annonce d’un livre, parce que Julie aime écrire, et que l’idée avait été lancée comme ça, au détour d’un post. J’ai pensé qu’il me tardait.
J’imaginais quelque chose d’incroyablement poétique, rigoureux, posé et exigeant. Un livre un peu lourd qui sent le neuf, une page avec un grammage un peu élevé, un peu rugueuse. J’imaginais le travail de deux personnes qui ne font qu’une, qui ne sont qu’une. Une collection de moments, de réflexions, un livre différent de n’importe quel autre livre photo de par la manière d’occuper l’espace, par le soin du choix des mots. Quelque chose de pur, de simple, d’esthétique et de sophistiqué.
Il y a eu les premières notes de musique, quelque chose d’assez joyeux, posé, paisible. Et j’ai tout de suite su qu’il y avait un drame, une fin. Quelque chose d’immensément triste, pour répondre à ce long silence.
Quelle plus belle manière d’annoncer la mort qu’en célébrant la vie ? Quels autres mots auraient pu être plus justes ? J’ai beaucoup de respect pour ton courage, Renaud.
Ça me fait beaucoup de peine d’apprendre ta disparition, Julie. J’ai comme un sentiment étrange : être profondément peinée pour quelqu’un que l’on ne connaît pas. Ou que l’on imagine connaître. Ou que l’on aurait tant aimé connaître.
Tu sais, c’est après avoir compris qu’il était possible de vivre des choses qu’on aime à force de travail et de persévérance, vu et revu ton travail que j’ai décidé que me botter les fesses et de travailler la photo. Je suis bien loin d’avoir ton talent, mais tu m’as donné envie d’essayer, d’oser penser autrement. Alors merci. Je penserai à toi les jours où je serai découragée.
Je penserai à ceux qui restent et qui sont toi.
Parce que c’est un régal pour les yeux, et les oreilles :
https://www.carnets-de-traverse.com/carnets-flash/