Nouveaux horizons
En y pensant bien, je pense que je ne suis pas faite pour les sentiers balisés.
La semaine dernière, en montagne, après 6 heures de marche et 900m de dénivelé, j’ai loupé le dernier balisage. Résultat, aux 10 bons gros kilomètres de montagne, j’ai dû en ajouter au moins 2. Résultat, fatigue physique exacerbée et fatigue mentale sur la ligne du rasoir. Chaque pas compte, la fin est difficile. En rando, c’est quand même chouette les sentiers balisés. Mais quand on se perd, on est obligés de faire le point sur sa situation et de réagir.
En discutant avec d’autres randonneurs, j’ai quand même épargné mes genoux en ne passant pas par la voie balisée. La finalité, c’est d’arriver, fière de soi d’avoir réussi, et surtout, d’oublier en une seconde la dernière heure de souffrance pour n’être plus que fatigue et bonheur. Se reposer et se dire qu’on recommencerait bien le lendemain (enfin, ça dépend des courbatures).
Mon parcours, c’est un peu ça. Je stresse un peu à chaque échéance de contrat, de retrouver Paul (Emploi) et, année après année, ajouter une ligne de plus à mon CV décousu. Il n’y a de toute façon aucune catégorie, aucun mot-clé qui pourrait correspondre, mais c’est le passage obligé. Le conseiller me regarde d’un air sceptique, Ah mais ethnologue vous trouvez des os humains c’est ça ? j’ai arrêté de dire « ethnolinguiste », parce que là je le perds, c’est trop, mais je dis quand même « occitan » Ah oui Occident, -comment? ah occi-tent? -tant? -tan!? mais euh c’est quoi en fait? ah c’est pas de l’espagnol à Toulouse ? Il m’explique qu’il ne peut rien pour moi, que je dois faire au moins 3 CV différents pour avoir éventuellement un chance d’intéresser quelqu’un – Bah vous avez qu’à mettre secrétaire, traductrice et je sais pas moi, trouvez un truc, prof peut-être ça vous plairait pas ça? ect, ect.
Je ne lui en veux pas, c’est comme ça, j’ai choisi, je continue de choisir.
À chaque fois que je commence quelque chose, je n’ai aucune garantie de la tournure que ça va prendre. Je n’ai aucune idée de ce que sera ma vie dans 1 an, tous les ans depuis quelques années. Parfois cette situation me fatigue, et je me dis que je n’aurai jamais de vie planplan, que parfois j’aimerais me poser et pouvoir dire Mon métier c’est… ou mieux Je suis… et que les gens acquiescent d’un air entendu.
Mais finalement, je ne suis jamais un métier plus d’un an d’affilée, et quant à savoir ce que je suis tout court… Qui peut le savoir ?
Les choses qui doivent arriver arrivent, le travail paye, et la volonté permet de dépasser les (très nombreuses) périodes de doute. Peut-être que je me trompe, peut-être que j’ai tort, mais je ne le saurai pas si je n’ai pas au moins essayé.
Bref, en route vers de nouveaux horizons, « Calme, en avant, droit ». À chaque fin il y a un début, et ça, c’est merveilleux.
infos : Sony A7ii + FE24-240, 45MM, f/8, ISO 100, 1/125