Cette semaine : Ode au levers de soleil d’hiver
Ceux qui me connaissent un peu savent que je suis du style lève-tôt. Je ne sais pas si c’est lié au fait que quand j’étais petite, je voulais devenir éboueuse (rassurez-vous, j’ai aussi voulu être archéologue vétérinaire ethnologue voyageuse et tout un tas de trucs), ou si c’est parce que le matin, le monde dort, il y a encore des étoiles, la machine infernale du monde n’est pas encore en route et je trouve ça reposant.
En tout cas, j’aime bien plus les levers de soleil que les couchers. Cette photo a été prise cet hiver. Après quelques années à vivre dans un pays relativement chaud, je dirais que j’aime les matins d’hivers, froids juste comme il faut pour se réveiller et s’ébahir de la beauté des choses. Les lumières, timides au départ, montent en puissance et le paysage se réveille, aussi endormi que les hommes. Les oiseaux commencent à chanter, les nocturnes rentrent, les étoiles prennent la fin de la garde de nuit et il y a ce moment suspendu où le premier vrai rayon de soleil frappe.
Ce matin-là, Fleur m’accompagne, Goustaf aussi, comme d’habitude.
Lorsqu’elle aperçoit cette beauté, elle pleure. Elle ne fait que dire « putain, c’est trop beau », entre deux reniflements. Je souris, je dis « Quelle païpaï » mais ses larmes m’émeuvent. Ce sont de celles qu’on ne peut pas contenir, de l’émotion pure, de la joie mêlée à tout un tas d’autres émotions. C’est beau. C’est fort.
Le ciel est rouge sang puis rose fuchsia puis orangé puis jaune et bleu, puis gris, en 10 minutes. Une symphonie condensée. Toute la journée, il aura fait gris, mais peu importe, nous n’avons pas oublié cette lumière.
Maintenant, je te l’avoue, Fleur, moi aussi des fois, seule devant ce spectacle grandiose, je verse quelques larmes. Souvent, Goustaf vient s’asseoir à côté de moi, et tous les deux, on reste là, quelques instants, à regarder le spectacle ordinaire de la nature.
⊕ infos : Sony A7 + FE 24-240, 24mm, ƒ/6.3, ISO 100, 1/80