Et poids flocon, je pensais la neige muette mais ce matin tout crisse soyeusement et le silence chante de mille oiseaux, les laineux trottent dans leur enclos comme pour jouer à se promener avec moi parfois ils bondissent et croyez-moi les cabris peuvent bien se tenir ; je me dis qu’ils sont joyeux de mes visites quasi quotidiennes, mon poilu se roule dans la poudreuse à n’en plus pouvoir et à faire friser sa petite jupette couleur crème, moi dans mon accoutrement d’ourse blanche je n’ose même pas pouffer de rire de peur de briser quelque chose de l’équilibre délicat de ces flocons à géométrie parfaite qui fondent dès qu’ils touchent le sol ou mes gants. Les corbeaux dialoguent dur, ils se croient sans doute malins à hausser le ton comme ça, on n’entend presque plus les autres. Ça fait rien, dès qu’ils se taisent les autres piaillent à qui mieux mieux. Les fleurs sont recroquevillées dans leurs robes de pétales. J’ai envie de rire du regard outré des brebis qui voient Gous se mettre le nez puis le ventre puis le dos dans le blanc, aller-retour d’un côté de l’autre, de l’oeillade de Gous qui regarde sceptique les brebis s’ébrouer – elles sont si sensibles qu’elles ne doivent pas apprécier que leur toison soit humide. Je rabats ma capuche sur mon bonnet sans ravaler mon sourire – je les comprends. La coquetterie, c’est important.