J’avais dit à Tifenn, et elle avait acquiescé avec du sourire dans la voix Tu sais je pense qu’à la prochaine rando, j’aimerais faire des photos des chevaux au galop. Peut-être que je devrais partir devant et vous regarder galoper ! Oui oui oui elle me dit.
Je voyais un cadre large pour faire comme un écrin de montagnes autour du mouvement des chevaux, peut-être quelques troupeaux qui paissent en arrière-plan, je voulais offrir au regard la contemplation du paysage, des muscles équins qui se tendent et se détendent et les yeux pétillants des duos cavaliers-chevaux.
Mais voilà, ça faisait quelques minutes déjà que je sentais Azard se remplir de joie, ça faisait comme une bulle pétillante d’orangina et ça m’a tout de suite remplie de joie toute pétillante moi aussi, comment résister ? Du galop, du galop ! Quelle ivresse que ne rien faire d’autre que courir, courir, allonger ses foulées autant qu’on peut, jusqu’à n’être que des petits êtres légers souriants riants puis riants aux éclats !
Bon à un moment, je me suis quand même rappelée que je pouvais être très professionnelle, c’est très sérieux la photographie hein. Malgré l’ivresse et la vitesse, nous voilà donc devant, bouillonnants quand même de joie, Azard courant aussi vite qu’il peut, moi qui l’encourage à aller plus vite encore quand il me le demande, et me tortillant dans tous les sens pour faire ma photo de galop dans son écrin de montagne.
On en a fait plein, les réglages de l’appareil ont carrément bougé pendant la course, bim l’exposition, bim les iso, le cadre on en parle pas, c’est au pif avouons-le carrément, mais ça se rattrape ouf ! Et en fait, je me suis tellement régalée que rien n’était grave.
On a donc renouvelé l’expérience, toujours avec autant de régal l’un et l’autre. D’ailleurs j’en profite pour remercier Azard qui a bien voulu me laisser travailler quelques moments sans que je sois entièrement avec lui. Les chevaux sont des êtres d’une générosité incroyable.
Je vous partage celle-là non pas pour vous prouver que j’ai réussi mon cadrage fantasmé (même si je l’ai quand même réussi à force de me tortiller !) parce que pour l’écrin sur celle-là on repassera, mais parce qu’il y a cette joie pure dans le rire de Tifenn. Elle se marre franchement en pensant que j’avais dit que je descendrais, que je regarderais de loin tout ça. Et je crois qu’Eduardo devait un peu craindre que je tombe à force de me tortiller dans tous les sens.