C’est souvent juste après un moment où le matin, pendant la balade des chiens, je me dis, Pff, ça me manque le cheval. Je dis ça parce que même si j’adore ma vie, ma meute, parfois j’ai besoin d’évasion, de moments à moi, d’aller voir ailleurs si j’y suis, me retrouver. Je suis souvent nostalgique de mes journées en Camargue avec Juju à aller vérifier les barbelés parce que telle vache ou tel biòu de tel voisin a sauté, voir les veaux, raccompagner des cocardiers échappés, transhumer des taureaux, acamper, accompagner au clos de tri, bandir le soir, le véto le maréchal, déplacer les chevaux, voir les juments, chercher des claves… Ou alors, je pense à tous ces moments d’itinérance montagnarde, nos petits déj incroyables où je suis une ogresse, surtout quand le café fume devant un panorama incroyable au lever du soleil, qu’il y a un fondant au chocolat si fondant si chocolat si gourmand avec plein de beurre et juste ce qu’il faut de cardamome, ou le fameux caramel beurre salé breton importé par Papa-Tifenn (merci!).
Et là, la vie est tellement magique ! Je reçois un petit message, Tifenn : On repère un sentier, ça te branche ? Il reste une place, ça te branche ? Il faut amener les chevaux ça te dit ?
Ma copine Tifenn est une fée.
Même les litres de pluie ne peuvent rien, les retrouvailles, ça nous met toujours plein de sourires plein de fossettes. Tout est bon tout est beau. Surtout la cabane dans la tempête.
Ce coup-là, c’était l’automne dernier, la mission c’était amener les chevaux après une randonnée vers le départ d’une autre, un très beau projet de repérages pour une traversée… Ce n’est pas la première fois que je fais les cheminements, mais vraiment, à chaque fois nos journées me remplissent autant qu’elles me fatiguent, mais la beauté des paysages, la beauté des paysages… faire des photos à cheval en itinérance c’est une de mes activités préférées. Bon dans les faits c’est un peu comme si je courrais partout en même temps, les détails me sautent aux yeux, mais alors, entre le balancier du cheval, les réglages, cet appareil qui tourne (toujours pas trouvé de système d’attache satisfaisant…), les Mais en fait là c’est grandiose Vite je dézoome Mise au point ok Bon en fait ce sera au pif vu que ça bouge tout le temps Bon je retente, là les couleurs sont vraiment incroyables Là c’est un tableau là vraiment il faut vraiment une photo quoi… Je suis épuisée, affamée mais alors, tellement heureuse…
Et puis il faut dire que ce coup-là aussi, on est entre copains, et on fait que papoter, jouer aux docteures des cœurs et rigoler. Rigoler et rigoler. Et manger. Et re-rigoler. On a des fous rires (qui me font encore rire) parce que Romain attrape à pleines mains la sangle qui va sous les fesses de Miracle la Mule (elle mérite amplement sa majuscule) et qu’il réalise ensuite qu’elle est trempée, et pas de pluie non non, et euh… pas tout à fait propre, quoi.
La journée se passe, et là quand même, les lumières deviennent plus douces et lèchent les pentes, ça commence vraiment à ressembler à un film sauf que c’est en vrai ! On a bien mangé de la piste sous sapinière, et on débouche sous un col, dans des prairies très appétissantes (oui j’ai faim, on prend pas de goûter), on grimpe et là… là c’est incroyable, ce qu’il se passe.
Vu qu’on a un lac sous la main, qu’il fait encore bon, que l’eau est chau… tiède, qu’on a pas pris de douche depuis mille ans (deux jours en fait) et que c’est juste magnifique, hé ben… Voilà…
(J’ai une confession à faire. Moi, là, j’ai juste fait des petits ploufs après avoir protesté Ah mais bon elle est pas si chaude, Hé après tout j’ai mon matos Attends je fais des photos. Mais ça fait tellement de bien !)
Après, c’est l’heure de monter le tipi, et là c’est trop bien le tipi en bivouac, même quand le voisin ronfle parce qu’on a tellement de place ! Et puis ça fait maison, grand cocon. Je crois bien qu’en plus, ce soir-là c’était le soir de l’aligot-de-rando, le meilleur du monde (désolée l’Aveyron).
La nuit tombe tôt et on se meule bien bien quand même avouons-le, avant d’aller plonger dans les duvets on emmène boire les chevaux et là, c’est mon moment de photo préféré, mes moments bleus, des ombres chinoises qui font comme un conte de la nuit.
Au réveil, les petits gestes, toujours les mêmes, Bonjour chevaux, bonjour copine bonjour Roro bien dormi ? Café-thé-tisane tartines, restes de la veille s’il y a, ranger, plier, filtrer l’eau, faire boire les chevaux qui n’ont pas trop dormi, moi bof mais en vrai, c’est tellement beau d’être là, juste là, les cerfs fous d’amour bramaient très fort juste à côté de nous (j’en ai compté au moins 5 différents dans la vallée), et puis on se prépare, et puis en route pour une nouvelle journée !
On fait une pause midi dans un décor digne d’un western, du coup, les chevaux jouent à retourner à l’état sauvage (on a dû leur courir après, sur la digestion c’est vache ! Sans accuser personne, je crois bien que c’était une initiative du tandem Miracle-Mulodia, largement approuvée par les autres…)
Et puis, on est arrivés dans la vallée d’Oueil, encore un de mes endroits préférés du Luchonnais. À ce moment la fatigue prend souvent le dessus et je fais beaucoup moins de photos. Aussi, c’est toujours difficile de quitter son cheval je trouve, je veux dire, ils nous font vivre des moments incroyables…
Alors, merci du fond du cœur, merci, ma copine… J’ai d’autres épopées cavalières à écrire, mais celle-là, je ne sais pas trop pourquoi… Vous voyez quoi.
Pour aller randonner avec Tifenn, c’est par ici > https://gandalha.com/
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J’ai lancé une campagne de financement participatif sur Ulule pour m’aider à financer les tirages de mon exposition de vulgarisation de mon travail de thèse. Pour me soutenir, c’est ici > https://fr.ulule.com/l-ours-et-le-taureau/
Merci !
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