Comme l’eau et l’air se trouvent un jour, se tutoient après la stupeur d’être déjà si familiers l’un envers l’autre se cherchent se mélangent se séparent puis se cherchent se mélangent à nouveau pour fondre comme l’un dans l’autre l’un n’étant jamais vraiment l’autre et l’autre étant toujours une part de l’un.
Je vois deux océans, je vois deux saisons, je vois deux nuances de bleu si proches l’une de l’autre, je vois cette répartition 2/3 d’infini et 1/3 de frontières floues, de mer de nuages et d’océan de vagues glissants entre les doigts comme le sable du désert s’ils pouvaient seulement si seulement on pouvait les tenir dans nos mains, ce serait un de ces moments de grâce absolue sans doute, où tout est si calme et l’éclat de la beauté des choses si paisible. Je repense à Alessandro Barrico et à ce sublime livre dans lequel un peintre peignait ses oeuvres avec l’iode de l’océan. Les curieux n’y voyaient rien mais revenaient chaque jour avec insistance le voir peindre ou le voir lui d’ailleurs, on ne sait plus à quoi on s’attache après un temps, les êtres ou cette part de nous qu’ils incarnent malgré eux ; sur ses toiles il y avait tout pourtant, il y avait cette quête de l’intime que chacun de nous est un jour appelé à mener peut-être, dans le silence et sous les yeux aveugles des autres qui pourtant n’oublient jamais de nous scruter. J’ai écrit il y a quelques temps un long texte du style Proésie sur la cristallisation des souvenirs, je ne l’ai pas publié, j’y parlais de mes larmes qui avaient laissé au retour de la nuit et des cauchemars des petits sillons secs comme de la bave d’escargot, quelque chose de très brillant et de très collant ; tout ça pour dire que ces photos sont les mêmes, c’est la même chose, mais en très différent. Quelque chose a fait s’évaporer la tristesse à coups de pinceau de joie, quelque chose a changé et pourtant tout semble pareil, il y a juste cette certitude du calme dedans, et tout a changé depuis.
Dans le miroir, il y a ce reflet comme parfois les nuages savent maculer l’océan, ombres de passage ; et à travers le miroir il y a ce qui a changé, ce qui s’est évaporé, ce qu’on choisit de garder et de faire briller, les petits cristaux du sel de nos larmes qui luisent jusque dans nos sourires, et qui font dire aux gens Comme tu as changé, tu es lumineuse.
Ceci est un merci du fond du coeur. Merci.