Portrait flou & jeu d’exposition
En découvrant la photo de la semaine, vous allez me dire que je fais une fixation sur les moutons. C’est pas faux ! Trois fois que j’en mets en avant dans le projet 52 ! Oui mais, c’est particulier les moutons.
De tous les animaux de la ferme, je trouve que ce sont les plus photogéniques. J’ai toute une collection de photos – qui ne fait que s’agrandir – que j’aime beaucoup. Pourtant, en soi, c’est assez idiot disons-le, une brebis. C’est assez peureux dans l’ensemble. Je préfère de loin les chèvres (bien plus débrouillardes et rusées) ou les ânes (sale caractère mais générosité +, grand amour), mais d’un point de vue purement photogénique, les moutons ont quelque chose.
Un jour j’en ferai une galerie éphémère.
D’abord, cette laine qui prend toutes sortes de formes : vaporeuse ou plutôt dreadlock très esthétique, et surtout, ce regard intense qui nous transperce. Les moutons sont assez simple à photographier, une fois qu’ils sont habitués à vous. Ils se posent et ils sont immobiles, comme s’ils se prenaient pour des cailloux. Et là, ils ne mâchonnent plus, ils se contentent de vous lancer un long regard appuyé, comme si dans leur petit cerveau ils étaient confrontés à Dois-je fuir ou Suis-je un tant soit peu en sécurité ? et si option 1 mince l’herbe d’ici est pourtant délicieuse et si option 2 l’herbe d’ici est de toute façon délicieuse.
C’est particulier, un regard de mouton. C’est peut-être la forme de leurs yeux, qui semblent voir sans voir. Ou alors leur tranquillité feinte.
Bref, pour revenir à la photo : les copains m’ont offert la bible des photographes « L’art de l’exposition », du coup, je m’efforce de mettre en pratique ce que je lis – sinon, c’est bien beau la théorie… Alors je vous présente un travail sur l’exposition. Il y a deux zones bien tranchées, la lumière du matin éclaire le champ, mais n’arrive pas jusqu’à la bergerie, qui est plongée dans l’ombre. Le mouton qui me regarde est pile à la frontière entre la zone de lumière et l’ombre. Le jeu avec le capteur est de ne pas saturer les contrastes et de laisser passer juste assez de lumière pour ne pas voir seulement une tâche sombre sur la partie haute. Mine de rien pas simple…! Je voulais quand même marquer le contraste. C’est difficile d’arriver à ce qu’on veut sur le coup, mais je suis contente, la photo me plaît sans post-traitement.
En ce qui concerne le cadrage, au début, j’avais toujours tendance à fourrer mon objectif entre les mailles du grillages pour qu’on ait l’impression que j’étais du même côté que le mouton. Mais en fait, depuis un moment, j’arrête de créer les images « contre » la réalité, c’est-à-dire que quand par exemple il y a un poteau d’électricité (très sexy…) en plein milieu, au lieu de cadrer autrement pour l’éviter à tout prix, j’essaye de le faire entrer dans la composition. Il est là, après tout…
Dans ce cas précis, le grillage me donne un appui visuel pour intégrer plus facilement le plan du fond, qui est lui-même composé de rayures. Le tout donne quelque chose d’assez géométrique que j’aime bien, et qui aide peut-être à adoucir le contraste fort entre ombre et lumière.
Bref, merci les amis !
infos : Sony A7ii + FE 24-240, 240mm, f/6,3, ISO 200, 1/320s